Denise Sabourin : le manifeste et le cachéPourquoi la démarche glissante de Denise Sabourin, à tant d’égards singulière, nous émeut-elle comme d’une familiarité et d’une fraternité évidentes ? Comme si nous avions fait, ou devions faire, nécessairement, un bout de chemin à ses côtés ? De proche en proche, par étapes, la voici qui tourne le dos à ses origines. Coloriste raffinée, elle ne superposait jamais assez de couches d’une peinture légère, qu’elle ponçait et recouvrait encore, pour broder le papier ou la toile de motifs qui étaient comme l’efflorescence de la couleur. La voici qui abandonne ensuite des essais de papiers froissés, où nous retiendrons que le blanc intervenait pour la première fois. Car le blanc, jusqu’alors, n’était pour rien dans l’invention plastique de Denise Sabourin. Tout se passait même come s’il était surface à conjurer. et rien que cela. Inversant sa démarche, sans rien renier, Denise prend soudain pour support de grandes toiles lisses, d’une texture qui repousse le toucher, et sur lesquelles la peinture, presque toujours exclusivement acrylique, ne peut que jeter un glacis immédiat. Sa fébrilité inventive la fait se saisir de formes données (ici, un calendrier Japonais, là une écriture idéogrammatique), dont la force énignatique est développée par elle en une combinatoire riche d’autres formes et d’autres forces. La trouvaille est dans l’instant, l’ordre de la forme libère son mouvement possible, éclate de tous ses possibles. Le plus souvent, la couleur participe du jeu : elle intervient, dans sa stridence, à la place où la jubilation peut enfin s’exposer. Tandis que Marcel Duchamp (sans lequel une peinture come celle de Denise Sabourin ne pourrait avoir été conçue) ressaisissait sa quète de l’arbitraire dans les rets des jeux de mots, Denise voile sa propre démarche, et sa quête, trop suffocante assurément pour ne pas appeler quelque secours, par toutes sortes de jeux avec le sens : sens cyclique du calendrier japonais, sens mystique de tel signe pris pour trenplin. Se voile-t-elle ainsi une réalité trop abstraite, trop essentielle pour être assumée nue ? Ou bieii ne met-elle pas ainsi en évidence une ouverture de compas qui est celle-là même de l’aventure picturale ? Il me paraît évident que la seconde hypothèse est la plus juste, et que sur ces toiles où s’enlévent les signes d’une action humaine noire et nue, à côté d’une couleur fondamentale, rien, absolument rien, ne nous est caché. Mais que nous sont rendues manifestes les noces anxieuses du signe et d’un sens. Jacqueline CHENIEUX Directrice de la revue "Pleine marge" |
Œuvre faite sur gaze marouflée sur plexiglas de 1m x 1m
Des œuvres peuvent être faites pour vous en plus petit et selon votre proposition d’image.